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Fiche technique :
– Scénario : Richard Billingham – Photographie : Daniel Landin – Montage : Tracy Granger – Décors : Beck Rainford – Son : Johakim Sundström – Producteur : Jacqui Davies – Distribution France : Potemkine Films.

Avec :
Ella Smith (Liz) ; Justin Salinger (Ray) ; Patrick Romer (Ray âgé)

Ray & Liz

Royaume-Uni, 2018, 108min.

Réalisation : Richard Billingham

Biographie :

Richard Billingham, né en 1970, est un photographe anglais, artiste, cinéaste et professeur d'art. Son travail a surtout concerné sa famille, l'endroit où il a grandi dans les West Midlands, mais aussi des paysages ailleurs. Billingham est connu pour le livre de photographies Ray's A Laugh (1996), qui décrit la vie de ses parents. Il a publié les collections Black Country (2003), Zoo (2007) et Paysages, 2001-2003 (2008). Il a réalisé plusieurs courts métrages, dont Fishtank (1998) et Ray (2016). Son premier long métrage, Ray & Liz (2018), a été présenté au Festival de Locarno. 

Résumé :

Nous sommes dans la banlieue de Birmingham dans les années 80. Ray, Liz et leurs trois enfants se débrouillent plutôt mal que bien et vivent dans la misère. Le photographe et cinéaste Richard Billingham retrace en trois souvenirs et trois époques différentes le quotidien tumultueux de sa famille.

Analyse :

Ce film pourrait être répulsif voire répugnant. Pourtant il est d’une beauté âpre et poignante. Le photographe Richard Billingham a puisé dans ses souvenirs d’enfance. En effet, issu d’une famille misérable de la région de Birmingham, il a photographié sans concession ses parents, son père alcoolique et sa mère obèse et très tatouée, dans leur quotidien sordide, crûment, mais avec une certaine tendresse. Son film se déroule en trois épisodes et trois périodes différentes. La première période commence et clôt le film. Ray, âgé, abandonné de sa femme, vit cloîtré dans la chambre d’un HLM minable, remplissant inlassablement des verres à ras bord d’un breuvage que lui apporte un homme qui, semble-t-il, fabrique lui-même cet alcool. Images pathétiques de quelqu’un à qui la vie n’a rien donné et qui attend la fin en se saoulant toute la journée. Les autres épisodes nous montrent Ray et Liz dans leur environnement sordide, murs pourris, papiers peints déchirés, amoncellement d’objets inutiles de récupération, pisse de chien, mégots, saleté, vomi, animaux domestiques libres ou en cage. Liz passe sa journée à fumer et à faire des puzzles. Ray est au chômage. Ils vivent de petites aides sociales, d’emprunts, et n’arrivent pas à payer leurs factures. C’est un univers terrifiant qui est celui des pauvres de l’ère Thatcher. La caméra filme les personnages au plus près, dans des postures souvent peu flatteuses, avec une image déjà réduite par le format 4 /3, dans des couleurs chaudes au cadrage très soigné. On sent que c’est le regard de l’enfance, qui n’est pas dénué de tendresse. Le seul moment où l’on quitte ce huis clos désespérant se trouve dans le troisième épisode où l’on suit les aventures d’un des fils, le jeune Jason, qui ne rentre pas à la maison sans même que ses parents s’en aperçoivent, comme si la misère noire rendait les gens négligents de tout. Mais l’extérieur n’est pas mieux que l’intérieur. Jason connaîtra pourtant les seules marques d’affection, que lui prodiguera la mère d’un ami. Une peinture glaçante d’une réalité qu’il faut connaître. 

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