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Avec :
Roman Bylik (Mike), Teo Yoo (Viktor Tsoï), Irina Starshenbaum (Natacha), Anton Adassinski (Anton), Filipp Avdeyev (Leonid)
Né en 1969 à Rostov-sur-le-Don (URSS-Russie), diplômé de Physique, Kirill Sérébrennikov est un metteur en scène de théâtre et réalisateur dont les œuvres traitent de religion, liberté et sexualité, ce qui lui attire de nombreux ennuis en Russie. En 2016, Le disciple a reçu le prix François Chalais à Cannes. Arrêté en août 2017 et assigné à résidence, Sérébrennikov était toujours poursuivi pour détournement de fonds fin 2018. Leto a été présenté à Cannes 2018 en son absence.
Résumé :
Fin des années 1970 et début des années 1980, à Léningrad (Saint Pétersbourg), monte la soif de changements. A quelques années de la ‘Pérestroïka’ (réformes), la jeunesse admire de jeunes rockers qui chantent des textes au ton nouveau, surtout pas idéologique.
Analyse :
Leto, l’été, est un film plein de charme, sur la liberté : liberté individuelle ou collective, liberté de création, liberté sexuelle, liberté de pensée. S’appuyant sur la vie d’un rocker soviétique très populaire, d’origine coréenne, Viktor Tsoï (1962-1990), le réalisateur transporte le spectateur dans la ville très européenne de Léningrad où l’été, pendant les nuits blanches, les jeunes Soviétiques aiment faire la fête au milieu des bouleaux, avec guitares et feux de camps et se baigner dans la mer Baltique, tard dans la soirée, tout en rêvant d’amour. Le jeune Viktor cherche à sortir son premier album, encouragé par un autre rocker, Mike Naoumenko. Le rock soviétique est alors un mouvement underground, presque limité exclusivement à Léningrad. Toute cette génération cherche les mots pour exprimer l’aspiration au changement, ce qui n’est pas sans rappeler l’atmosphère des films de la Nouvelle vague française, quelque dix ans plus tôt. Tout en noir et blanc, jouant avec la lumière, les ombres et les reflets, Letoinnove aussi avec des surimpressions, des dessins et des animations, à la manière de Jean-Christophe Averty. Admirant les Beatles, Bob Dylan, The Cure, Nirvana, les Doors et David Boowie, les jeunes rockers soviétiques des années Brejnev déconcertent leurs aînés et surtout les apparatchiks chargés de veiller au respect de l’idéologie et au bon déroulement des séances au Rock Club. Mais, nourris au marxisme depuis l’enfance et se sentant à l’étroit dans le régime totalitaire, ils recherchent de vraies valeurs ; loin des discours politiques, ils veulent chanter des paroles simples : ’je suis un glandeur’, ‘t’es qu’une merde’, ‘j’ai besoin d’une bière’ ou ‘je plante mes cornichons’ ! C’est une époque où la solidarité et la camaraderie étaient grandes et Sérébrennikov montre, en amour, des comportements généreux et compréhensifs« du mari bafoué, de sa femme et de l’amant potentiel ! La bande son, lauréate du prix Cannes Soundtrack pour la meilleure musique des films en compétition, évoque bien l’atmosphère de cette époque, avec notamment ‘Just a perfect day‘ de Lou Reed. En prophète, l’un des personnages estime que ‘tout peut arriver aux gens de ce pays’. Mais on est encore loin de la disparition de l’URSS.
Françoise Wilkowski-Dehove
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