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Avec :
Barbara Colen (Teresa), Sônia Braga (Domingas), Udo Kier (Michael), Thomas Aquino (Pacote/Acacio), Silvero Pereira (Lunga), Thardelly Lima (Tony Jr. le préfet), Wilson Rabelo (Plinio)
Kleber Mendonça Filho, réalisateur, scénariste et ingénieur du son brésilien est né en 1968 à Recife, Brésil. Son épouse Emilie Lesclaux est productrice du film. Formé au journalisme, il devient critique de cinéma et programmateur, avant de réaliser (documentaires et courts métrages multi-primés, notamment à Clermont-Ferrand et Cannes). Premier long métrage et succès en 2012, Les Bruits de Recife, puisAquarius (Cannes 2016 ; meilleur réalisateur à Biarritz, et meilleure actrice Sonia Braga, la Domingas de Bacurau). Bacurau remporte le prix du Jury à Cannes 2019.
Juliano Dornelles de Faria Neves est lui aussi de Recife (1980). Directeur artistique des Bruits de Recife et Aquarius, entre autres, il est aussi co-scénariste de Bacurau.
Résumé :
Dans quelques années : les habitants du village de Bacurau, dans le caniculaire nordeste brésilien, manquent d'eau, puis de 'réseaux', et leur village a disparu de la carte. Le camion-citerne arrive criblé de balles, tandis que le 'préfet' du lieu fait sentir son pouvoir arbitraire. Qui sont ces motards clownesques qui débarquent ?
Analyse :
Les premières images de Bacurau font immédiatement penser à la première page des albums d'Astérix où, sur une carte de géographie physique de la Gaule (en réalité une carte de France), une loupe grossit un village gaulois. Dans le film la terre se rapproche et le grossissement se focalise sur le Brésil, à l’ouest du Pernambouc où le village de Bacurau a disparu des représentations cartographiques. La référence à la bande dessinée se retrouvera plus loin encore, lorsque les villageois se préparent à subir une attaque, on dépose à chacun sur le bout de la langue une pilule 'magique' qui n'a rien d'une hostie.
Filho, aidé de Dornelles, utilise cette fois le genre du western pour dénoncer la corruption et les exactions dont sont victimes les Brésiliens. Mais il le fait avec l'exubérance latino-américaine, la joie de vivre qui anime les habitants malgré les épreuves subies. La privation de l'eau au profit de plus puissants qu'eux, l'enterrement de la grand-mère, la préparation au combat, ne les empêchent pas de chanter et danser, mais les figures de danse sont mimées différemment suivant le contexte. Le village représente le clan des 'gentils'.
« Vous venez pour visiter le musée de Bacurau ? » demande-t-on aux deux motards déguisés en touristes venus en éclaireurs. Mais le spectateur ne comprendra qu'à la fin la signification de cette insistance. Ces éclaireurs sont envoyés par des chasseurs fervents d'armes de collection, leur gibier est humain. Un groupe d'hommes et de femmes, se revendiquant américains, a soudoyé le préfet élu pour, avec un racisme cynique affiché, donner libre cours à leur passe-temps favori dans une 'chasse gardée' précisément à Bacurau. Ils ont brouillé les connexions et effacé le village des GPS pour agir à leur guise. Ces personnages d'une violence exacerbée, ainsi que le préfet corrompu, figurent les 'méchants' du western.
Les allusions à la situation politique brésilienne et au rôle joué par les Etats-Unis pourraient paraître trop appuyées si la vitalité, la frénésie, l'inventivité dans les situations, les décors, les espaces, ne mobilisaient pas l'attention et la participation des spectateurs, ne leur laissant aucun recul avant la séquence finale. Un éclatant Prix du Jury au Festival de Cannes.
Nicole Vercueil
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