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Avec :
Enrique Iraoqui (Jésus), Mario Socarte (Jean Baptiste), Margherita Caruso (Marie jeune), Suzanna Pasolini (Marie âgée).
Né en 1922 à Bologne, mort en 1975, assassiné. Originaire du Frioul par sa mère, dont il gardera un attachement à la réalité populaire et régionale, qui nourrira son œuvre de poète, d’écrivain, d’essayiste et de cinéaste autodidacte. Accatone (1961) et Mamma Roma (1962) marquent son style, qui prendra une ampleur étonnante dans L’ Evangile selon St Matthieu. Avec Œdipe Roi (19767) et Médée (1970), il revisite les grands mythes. « Trilogie de la vie » : Le Décameron (1971), Les Contes de Canterbury (1972), Les Mille Une nuits (1974).
Résumé :
C’est la vie du Christ, en plusieurs épisodes. Un ange vient annoncer à Joseph que sa femme attend le fils de Dieu, Jésus. Jésus rejoint Jean Baptiste pour être baptisé. Il se retire ensuite dans le désert et affronte Satan. Puis, il remplit sa mission d’évangélisation auprès du peuple, entouré de ses disciples. Il accomplit des miracles et entre dans Jérusalem, acclamé. Trahi par Judas il est jugé par les grands prêtres et condamné à mort par Pilate, le jour de la Pâque juive. Il meurt sur la croix et ressuscite trois jours plus tard. Il adresse alors son dernier message aux Apôtres.
Analyse :
Pasolini était un marxiste convaincu, agnostique, très critique à l’égard de la religion chrétienne. Dans un précédent court métrage, La Ricotta, il avait même été condamné par le Vatican pour irrévérence.Tourné dans le Sud de l’Italie (Matera), c’est le récit à la lettre et dans l’esprit du texte de Saint Matthieu, de l’Annonciation et la naissance du Christ à sa crucifixion. Par une suite de « tableaux » où règnent les images et le silence, le cinéaste a recherché dès les premières séquences, le plus grand dépouillement, faisant une œuvre antimoderne, bref anti-hollywoodienne. Les protagonistes de cette histoire éternelle : apôtres, pharisiens, représentants du pouvoir (Hérode, Pilate), soldats romains, nous apparaissent dans une authenticité renversante, magnifiés par les paysages arides. La mise en scène utilise certaines techniques du reportage, alors que la musique de Bach, Mozart, Prokoviev, la Missa Luba (congolaise), des chœurs orthodoxes… enveloppe les moments les plus forts de la vie du Christ : baptême par St Jean Baptiste, massacre des Innocents, miracles, arrestation et jugement par les grands prêtres, crucifixion et Résurrection.
Que s’est-il passé chez ce cinéaste provocateur, affichant son homosexualité, engagé dans l’extrême-gauche et a priori pas tendre pour le catholicisme, avec la réalisation d’une oeuvre d’une telle envergure ? Est-ce l’effet de la Grâce ? Pasolini était dans sa vie du côté des opprimés, des sans-grades, des marginaux. Certains lui ont reproché d’avoir montré un Christ révolutionnaire, une sorte d’agitateur politique, loin il est vrai des représentations saint-sulpiciennes. Mais l’Office catholique international du Cinéma a primé ce film, qui ne peut laisser indifférent grâce à sa beauté esthétique et son propos empli d’humanité et d’espérance.
Alain Le Goanvic
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