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Prix du jury interreligieux Nyon 2021
Réalisation : Abdallah Al-KhatibAbdallah Al-Khatib, âgé de 34 ans, né à Yarmouk, est directeur de la photographie, réalisateur et scénariste palestinien. Little Palestine, Journal d’un siège, est son premier et seul long métrage à ce jour. Il était étudiant en sociologie à l’université de Damas avant le siège de Yarmouk. Il vit exilé en Allemagne. Le film a été présenté à l'ACID au Festival de Cannes 2021.
Résumé :
Suite à la révolution syrienne, le régime de Bachar al-Assad assiège le quartier de Yarmouk (banlieue de Damas). Le réalisateur témoigne des privations quotidiennes, tout en rendant hommage au courage des enfants et des habitants du quartier.
Analyse :
: Nous sommes entre 2013 et 2015 pendant le siège de Yarmouk, considéré comme le plus grand camp palestinien au monde avec ses plus de 100 000 habitants. Pendant la guerre civile syrienne, soupçonnant un repère d’opposants, le président syrien Bachar al-Assad fait assiéger la ville, empêchant, même par l’aide internationale, tout ravitaillement de la population qui se trouve privée de tout, nourriture, médicaments, électricité, pendant près de deux ans. Prise par L’État islamique en 2015, elle sera entièrement rasée en 2018. Abdallah Al-Khatib, cinéaste autodidacte, commence à filmer avec une caméra que lui confie un ami qui tente de s’exiler. Face à une population affamée, dans laquelle on dénombrera cent quatre-vingt-un morts de faim, réduite à manger leurs animaux domestiques, de l’herbe ou des cactus, il réalise un documentaire militant qui est à la fois un journal intime et familial, un témoignage historique, une œuvre mémorielle. Avec pudeur, en évitant soigneusement les images des morts de la faim ou des victimes des bombardements incessants, il insiste sur les souffrances de ce peuple assiégé en filmant essentiellement des femmes et des enfants. Prenant du recul il s’attarde sur les moments de calme, le sourire ou le rire des enfants, les chants des adultes, tout en mettant l’accent sur la colère et l’exaspération de ce peuple prisonnier. Des moments pathétiques et terriblement émouvants, comme cette petite fille qui au milieu d’une étendue herbeuse cueille en triant soigneusement du « mouron blanc », plante qu’elle nous explique être comestible. Malgré les conditions effroyables que vit ce peuple, son courage, sa solidarité, sa pulsion de vie, suscitent le respect. Le réalisateur suit sa mère infirmière qui sans relâche soigne et aide les personnes isolées avec ce qu’elle peut trouver de stocks de médicaments.
Al-Khatib scande en voix off un texte très poétique qu’il a intitulé Les 40 Règles du siège, où il commente le ressenti des assiégés : « Le siège est une interminable noyade dans le temps » et les longues marches quotidiennes sont un « rituel de survie », un moyen d’occuper d’interminables journées sans but.
Marie-Jeanne Campana
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