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Réalisation : Film espagnol, La Mala Educacion, La Mauvaise Education de Pedro Almodovar, sorti en salles le 12 mai 2004, film d'ouverture du festival de Cannes.
Avec :
Gael Garcia Bernal, est un acteur mexicain qu'on retrouve dans les films de Walter Sallès Central do Brazil, Avril brisé et Carnets de Voyage (présenté cette année à Cannes et prix oecuménique). Avec aussi Fele Martinez et pour quelques scènes Javier Camara, l'acteur principal de Parle avec elle.
Doit-on encore présenter Pedro Almodovar ? Né en 1961 en Espagne, après avoir exercé différents métiers et être resté 12 ans à la Compagnie du Téléphone, Pedro se lance dans la réalisation de films, participe au mouvement culturel espagnol de La Movida dans les années 75-80 et connaît ses premiers succès mondiaux avec Femmes au bord de la crise de nerfs (1986), Attache-moi (1989) et surtout Talons Aiguilles (1991) Tout sur ma mère (1999) prix oecuménique et Parle avec elle (2001). Tous ses films abordent la vie d'un point de vue féminin excepté Parle avec elle qui amorce un tournant en nous conduisant chez la gente masculine. La Mauvaise éducation poursuit cette découverte.
Résumé :
Un acteur débutant se fait passer pour son frère auprès d'un jeune réalisateur à qui il soumet un texte comme base de scénario. Ce récit dans le récit devient un film dans le film et les personnages de la fiction rejoignent ceux de la réalité dans un jeu subtil entre retours en arrière et récit linéaire.
Analyse :
LA MALA EDUCACION - OU LA GRANDE REALISACION.
Almodovar nous étonnera toujours mais cette fois il a atteint un haut degré de subtilité, de finesse et de perfection dans l'écriture cinématographique. Il ne faut en aucun cas rater le générique de début qui donne une clef capitale pour procéder à la lecture du film : des lambeaux d'affiches et de photos anciennes sont arrachés afin de découvrir chaque fois ce qu'il y a dessous. On réalise alors que ce scénario comporte des emboîtements dignes des poupées russes. Autre clef à saisir : trois personnages importants ont une personnalité double : Juan se fait d'emblée passer pour Ignacio, son frère, mais tient à se faire appeler Angel. Son frère, Ignacio, est devenu « une » autre sous le nom de Zahara. Le père Manolo, autrefois prêtre et enseignant au collège d'Ignacio, est devenu monsieur Berenguer. Seul Enrique, jeune réalisateur, assume totalement son identité, unique, et son homosexualité. C'est autour du jeu de qui est qui, qui a été qui, qui pourrait être qui, qu'Enrique va être ballotté, entraînant lui-même le spectateur dans une fiction qu'il tourne et qui devient un film dans le film ! Almodovar nous donne parfois des indices pour nous préciser si nous sommes dans la fiction des doubles ou dans la réalité des faits. En fait la première partie du film traite des apparences des personnages et la seconde partie dévoile les vraies identités et la vérité des histoires de chacun. Et le doux ange de se révéler un « messager » de mort, pervers, calculateur et arriviste. Tout est tourné avec une caméra totalement invisible et bâti sur un montage fluide débarrassé des effets kitchs des films passés du réalisateur.
Savoir épurer son scénario, ses personnages et ses images et ne garder que l'essentiel de l'intrigue, permet de jongler avec les fausses pistes et les fioritures pour jouer des contrastes et maintenir un suspens fort : du grand Art.
Corine E.d.Rochesson
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