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Mention spéciale du jury oecumenique Berlin 2023
RĂ©alisation : Nicolas PhilibertNĂ© en 1951, il entre en cinĂ©ma avec RenĂ© Allio et Alain Tanner, puis co-rĂ©alise avec GĂ©rard Mordillat La voix de son maĂ®tre en 1978. Parmi ses documentaires: Le pays des sourds (1992), La moindre des choses (1996, clinique psychiatrique de La Borde), Etre et avoir (2001, vie quotidienne d’une Ă©cole Ă classe unique), De chaque instant (2018, dans un Institut de formation de soins infirmiers. Sur l’Adamant a reçu l’Ours d’Or Ă la 73ème Berlinale.
Résumé :
L’Adamant est un Centre de jour unique en son genre qui fait partie du pĂ´le psychiatrique Paris Centre : c’est un bâtiment flottant sur la Seine, en plein cĹ“ur de Paris qui accueille des adultes souffrant de troubles psychiques, leur offrant un cadre de soins qui vise Ă favoriser et Ă maintenir l'autonomie et la vie sociale. L’Ă©quipe qui l’anime tente de rĂ©sister Ă la dĂ©shumanisation de la psychiatrie.
Analyse :
Le film nous invite Ă monter Ă bord de cette moderne «nef des fous», pour aller Ă la rencontre des patients et des soignants qui en inventent jour après jour le quotidien. Il s’ouvre sur le rite matinal co-animĂ© ce jour-lĂ par un soignant et Muriel, une patiente : il s’agit de proposer Ă l’assemblĂ©e des prĂ©sents un ordre du jour qui organise la journĂ©e, et d’accueillir avec bienveillance les «nouveaux». On ressent d’emblĂ©e que ces moments partagĂ©s sont fragiles, toujours susceptibles de dĂ©raper, et efficacement modĂ©rĂ©s par la vigilance attentive des soignants qu’aucun uniforme ne dĂ©signe. Il semble que le parti-pris du rĂ©alisateur soit de filmer au grĂ© d’une improvisation maĂ®trisĂ©e, pour convier le spectateur Ă se laisser surprendre comme lui par l’exercice d’Ă©quilibrisme que donne Ă voir la parole offerte des passagers de l’Adamant. La camĂ©ra Ă©volue souplement, et sans intention dĂ©monstrative, d’une rĂ©union au salon bibliothèque Ă un face Ă face, oĂą le patient exprime avec conviction, vĂ©hĂ©mence parfois, ce qui lui tient Ă coeur de faire savoir, pour revenir ensuite au dĂ©roulement d’un atelier thĂ©rapeutique mĂ©diatisĂ©, centrĂ© sur une activitĂ© artistique ou des Ă©changes informels… et le rĂ©sultat est passionnant ! François cherche Ă convaincre la camĂ©ra, c’est Ă dire nous tous, que ce qui compte ici, pour ne pas sombrer, ce sont les mĂ©dicaments, et il exaltera dans les minutes suivantes, avec la mĂŞme passion, le rĂ´le dĂ©terminant de la parole ; FrĂ©dĂ©ric perçoit avec une grande luciditĂ© ce qui se passe sur l’Adamant et fascine son interlocuteur par le lien gourmand et quasi fĂ©lin qu’il entretient avec son clavier Ă©lectronique ; plus tard c’est une femme qui a vĂ©cu pour danser et supplie que la structure l’autorise Ă mettre en place un atelier de danse ou au moins de Qi Gong ; puis on revoit Muriel qui commente un de ses tableaux, exposĂ© dans un lieu dĂ©diĂ© ; plus loin un patient ravagĂ© par un tic d’hilaritĂ© essaie de terminer sa phrase. C’est ainsi avec une grande Ă©motion que, tout au long du film, nous regardons ce singulier Ă®lot de psychiatrie, - «miroir grossissant de notre humanitĂ©» selon le mot du rĂ©alisateur -, qui considère les patients comme des sujets.
Jean-Michel Zucker
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