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Avec :
Anaïs Demoustier (Madeleine) - Vincent Lacoste (François) - Paul Beaurepaire (Daniel à 18 ans) - Morgan Bailey (Jimmy).
Katell Quillévéré, née en 1980, fait partie de ces réalisatrices quadragénaires qui tiennent de plus en plus de place dans le cinéma français. Après plusieurs courts métrages dont le premier, A bras le corps (2005), est sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes et pour les Césars, elle réalise en 2010 son premier long métrage, Un poison violent, qui reçoit le prix Jean Vigo puis Suzanne (2013) et Réparer les vivants (2016). Souvent nourri par son histoire personnelle, son cinéma analyse avec finesse les évolutions psychologiques de ses personnages.
Résumé :
1947. Sur une plage, Madeleine, serveuse dans un hôtel-restaurant, mère d’un petit garçon, fait la connaissance de François, étudiant riche et cultivé. Entre eux, c’est comme une évidence. La providence. Si l’on sait ce qu’elle veut laisser derrière elle en suivant ce jeune homme, on découvre avec le temps ce que François tente de fuir en mêlant le destin de Madeleine au sien...
Analyse :
Le film ouvre sur les images de liesse de la Libération et des GI entrant dans les villages, puis, toujours en images d’archives en noir et blanc, sur des séquences moins glorieuses, des femmes tondues parce qu’elles ont eu une liaison avec un soldat allemand. Parmi ces tondues, Madeleine, que l’on retrouve quelques années après, en couleurs, mère d’un petit garçon et serveuse dans un hôtel de la côte bretonne. Elle y rencontre François, étudiant en archéologie et fils d’un riche industriel. Et très vite, coup de foudre ou mariage de raison, ils vont joindre leurs destinées. Ils semblent très amoureux mais chacun a un secret. Madeleine l’avoue vite à François, son petit garçon est le fruit de ses amours éphémères avec un soldat allemand. Son statut de fille-mère, déjà lourd à porter à cette époque, l’est encore bien plus dans ces circonstances. Se marier, qui plus est avec un intellectuel bourgeois, la replace dans la société. Quant à François, sa hâte à se marier est une tentative d’échapper à ses penchants homosexuels, très mal vus à l’époque.
Le plus intéressant du film est la façon dont Katell Quillévéré analyse très finement comment ce couple que tout pourrait séparer est uni par un amour vrai qui les fait triompher des aléas de la vie ordinaire. On suit ainsi le couple sur deux décennies, à Châteauroux d’abord où ils tiennent un bar pour les GI qui y stationnent, ce qui nous vaut de belles scènes où le couple rencontre un GI afro-américain, un bel athlète dont les deux tombent amoureux. Puis à Paris où ils s’embourgeoisent, lui professeur à la Sorbonne et elle femme au foyer, ce qu’elle supporte mal et ce qui ravive leurs différences de classe et d’éducation. Ce film est à la fois un témoignage intéressant de la société française des années 50 et 60 - on mesure le chemin parcouru depuis - et une interrogation passionnante sur ce qui fait un couple, et il est porté par l’interprétation remarquable d’Anaïs Demoustier et de Vincent Lacoste.
Jacques Champeaux
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