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Avec :
Missagh Zareh (Iman, le père), Soheila Golestani (Najmeh, la mère),Mahsa Rostami (Rezvan, la fille ainée), Setareh Maleki (Sana, la fille cadette), Niousha Akhshi (Sadaf, amie de Rezvani).
Cannes 2024 : Prix du jury oecuménique, Prix spécial du jury pour le réalisateur, Prix Fipresci, Prix Français Chalais, Prix des cinémas Art et essai
Réalisation : Mohammad RasoulofMohammad Rasoulof est né en 1972 à Chiraz en Iran .Il étudie successivement la sociologie puis le montage cinématograhique. Depuis 2010, il subit constamment la répression des autorités de son pays pour des raisons politiques. Il ne peut sortir de son pays pour recevoir l’Ours d’or à Berlin en 2020 pour Le diable n’existe pas. Au printemps 2024, Rasoulof quitte clandestinement l’Iran, ce qui lui permet d’être présent au festival de Cannes, avec les trois jeunes actrices, pour Les graines du figuier sauvage, prix spécial du jury.
Résumé :
Les graines du figuier sauvage décrit comment, fin 2022, la vie d’une famille de la petite bourgeoisie iranienne est bouleversée quand le père est nommé enquêteur au Tribunal Révolutionnaire de Téhéran alors qu’éclatent les manifestations nationales du mouvement Femme, Vie, Liberté contre le port obligatoire du hijab, suite à l’assassinat par la police de Mahsa Amini.
Analyse :
L’évolution psychologique des différents membres de la famille, soumis aux diktats de la théocratie autoritaire, est décrite avec beaucoup de justesse. Le père de famille, sommé de signer les arrêts de mort de personnes dont il n’a pas pu étudier les dossiers, se trouve pris dans un engrenage et se laisse gagner par une paranoïa grandissante. Les filles, l’une lycéenne et l’autre étudiante, contraintes au huis clos de l’appartement familial, suivent l’actualité extérieure (manifestations et répression féroce) grâce aux réseaux sociaux, prennent fait et cause pour les manifestantes et se révoltent contre leur père et ce qu’il représente. Quant à la mère, recluse elle aussi, elle essaie aussi longtemps que possible de servir de médiatrice entre son mari et ses filles.
Le père finit par traiter sa famille comme les éléments jugés suspects par le régime des Mollah et les entraîner dans une fuite éperdue hors de Téhéran, dans sa maison familiale à la campagne, où se reproduit un autre huis clos où règne une tension quasi insoutenable. Dans cette dernière partie, les deux jeunes filles se révèlent résolues, solides, résistantes, inventives, pour se sortir d’une situation désespérée.
Les conditions de tournage ont beaucoup influencé la réalisation du film dans la mesure où Rasoulof, ne pouvant pas obtenir les autorisations de tournage nécessaires, a dû limiter drastiquement les scènes tournées en extérieur. Pour rendre compte des émeutes et de la violence de la répression, il a inséré des images tournées clandestinement avec des téléphones portables, les mêmes que regardent les filles, retenues de force dans l’appartement familial.
Les acteurs sont tous excellents ; les actrices ont accepté de jouer tête nue les scènes d’intérieur, ce qui ne se fait pas normalement en Iran. Certaines scènes, où l’on voit les coups portés à des jeunes femmes simplement éprises de liberté par un régime à la cruauté inimaginable, sont poignantes.
La description de la réalité iranienne est saisissante ; ce film est en raccord avec une actualité récente et brûlante, ce qui est rarissime dans le cinéma. Le but du metteur en scène était d’offrir une couverture mondiale à l’actualité iranienne, et il savait, en tournant ce manifeste pour la liberté à partir du scénario qu’il avait lui-même élaboré, qu’il ne pourrait pas tourner en Iran avant longtemps et qu’il serait obligé de fuir clandestinement.
Cela dit, manifestement, il garde l’espoir que son pays change, grâce aux jeunes générations, et particulièrement aux jeunes femmes en qui il place sa confiance.
Catherine Le Boulc'h
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