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Festival de Venise 2019

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Pelican Blood

de : Katrin Gebbe, Allemagne, 2019, 121min

© Festival Venise 2019

Une caméra excellente et un jeu d’acteur fascinant, surtout pour la petite fille, sont au service d’une histoire assez lourde, un peu téléphonée, et au dénouement questionnable.

Que des enfants puissent être traumatisés à vie par des événements vécus dans leur petit enfance c’est clair, qu’il faille beaucoup d’amour pour essayer de les aider, c’est clair aussi, mais qu’on puisse les exorciser par des actes de magie noire est un leurre un peu trop à la mode actuellement où il est de bon ton que tout ce qui est lié au spirituel se vaut.

Katrin Gebbe aime l’idée du sacrifice. Si dans son précédent film (Aux mains des hommes/Tore tanzt) elle avait mis en scène une suivance christique sur le modèle masochiste, où l’origine du mal se situait dans le sadisme d’un couple, ici nous sommes dans une vision païennne du monde. L’héroïne souffre parce qu’elle veut guérir ceux qui l’entourent, les chevaux comme les enfants. Le titre est explicité par une référence au mythe du pélican qui s’ouvre la poitrine pour nourrir ses enfants par son sang. En ce qui concerne l’origine du mal dont souffre la petite fille adoptée, elle reçoit trois explications : premièrement le traumatisme dans l’enfance ; ensuite une atrophie anatomique décelable par I.R.M., un rétrécissement de l’amygdale dans le cerveau créée par ce traumatisme ; et troisièmement l’explication spiritualiste qui voudrait que cette atrophie équivaut à la perte d’une partie de l’âme et créé un vide physiquement décelable, une béance dans laquelle un mauvais esprit s’est infiltré, mauvais esprit qu’on peut chasser par des artifices woodou. Psychanalyse, médecine somatique, et spiritualité sont donc convoqués dans un triptyque qui se veut cohérent. Et l’attitude de l’héroïne pour guérir ces blessures est également cohérente en convoquant l’empathie, des méthodes éducatives et le sacrifice de soi. Sauf que la cohérence est fallacieuse. Ce vide, cette béance, ne correspond pas à un espace décelable – sinon il suffirait de cautériser les cellules responsables du subconscient pour nous libérer de tout notre refoulé. L’âme et l’esprit, sont des fonctions de l’humain, non des espaces à l’intérieur de lui. Et le mauvais esprit n’est jamais que celui que l’homme fait. Mais si la confusion des genres est très en vogue actuellement, parce que rassurant, il faut se résoudre à admettre que le travail avec des enfants blessés aussi profondément est infiniment plus complexe qu’un sacrifice sanglant, fût-il celui de soi.

Waltraud Verlaguet

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