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Festival de qualité fondé en 1980, le Festival International du Film de Fribourg a pour but de promouvoir l'échange entre toutes les cultures par le moyen du film. Il favorise les réalisations qui suscitent une réflexion et invitent au dialogue. Le FIFF est un festival qui éclaire les angles morts, révèle les nouveaux talents et met l'histoire du cinéma en contexte avec des angles innovants. L'UNESCO lui a décerné en 1993 le Label de la Décennie Mondiale du Développement culturel.
La cuisine en était le fil rouge, coïncidant avec la reconnaissance officielle de Fribourg comme la ville suisse du goût. Le Festival s’est associé avec des restaurants afin de proposer à son public des expériences ciné-culinaires. La section Cinéma de genre, qui donne la tonalité du festival, a été consacrée à la gastronomie, bien qu’à proprement parler ce ne soit pas un cinéma de genre.
99 films dont 60 longs métrages, 38 courts métrages et un docu-série furent présentés. Les films provenaient de 52 pays, 64 films étaient en avant-premières suisses, européennes ou mondiales. Dix expériences ciné-culinaires se sont déroulées dans 8 restaurants de la ville.
I. H3>La section Cinéma de genre intitulée « Bon appétit » a réuni 10 long-métrages en lien avec la gastronomie. Comme sur une excellente table de restaurant, les propositions furent variées : de la comédie, de la satire, du thriller…
En amuse-bouche, Adieu Paris d’Edouard Baer avec un casting trois étoiles au Guide Michelin : Edouard Baer, Benoît Poelvoorde, Pierre Arditi, Bernard Le Coq, François Damiens, Gérard Depardieu, Ludivine Sagnier… nous transporte à la réunion annuelle de huit figures de l’art à La Closerie des Lilas à Paris. La pièce du chef, Diario di Spezie (Journal des épices) de Massimo Donati, centrée sur le thème de la restauration, nous entraîne à suivre le jeune cuisinier talentueux Luca qui note ses trouvailles épicières dans un petit carnet. Sa vie va basculer avec la rencontre d’Andreas, un maître de la restauration des peintures flamandes.
Pour la chair de poule, avec A banquet, la britannique Ruth Paxton saupoudre l’angoisse avec son héroïne frappée d’un mal mystérieux.
Un menu hors norme fut servi, avec Heavy Craving de Hsieh Pei-ju, sur la question du trop manger. Cette satire taïwanaise s’attaque à la «grossophobie» et à la question de la norme. Ying Juan, 105 kg, auquel sa mère offre pour son trentième anniversaire un programme de perte de poids, va connaître humiliation, privation, agression.
Place au nec plus ultra : dans les forêts secrètes du nord de l’Italie, un petit groupe d’anciens, accompagnés de leurs chiens fidèles, partent chaque année à la recherche d’un trésor : la truffe d’ Alba, ingrédient le plus cher au monde. Ces chasseurs de truffes, véritables gardiens de terres menacées, luttent pour protéger leurs traditions et savoirs ancestraux. C’est la truffe d’Alba que des hommes, d’un âge bien avancé, chassent avec leurs chiens dans The truffle hunters de Mickael Dweck et Gregory Kershaw.
Chang-wook choisit avec soin les ingrédients pour sa cuisine et décrit ses expériences sur son blog pour son épouse gravement malade. Avec ce repas d’adieu, Recipe for Farewell de Lee Ho-jae réchauffe le cœur et rappelle d'heureux souvenirs.
Pour le poulet à la belge, Jean Libon et Yves Hinant avec Poulet frites nous font découvrir un commissariat où le crime d’une prostituée sera découvert grâce à une frite.
Pour le dessert, Karin pour soigner ses blessures suite à l’infidélité de son mari va se passionner pour la cuisine. Avec ses amies, elle forme un Tuesday club (film d’Annika Appelin) qui ravigotera les âmes.
Un dernier repas pour la route avec Feast de Brillante Mendoza. Rafael, fils d’un restaurateur renommé, provoque à cause d’un moment d’inattention un accident de voiture dans lequel il tue un père de famille. Rongé par la culpabilité, il essaie de réparer ses torts.
N’oublions pas « le plat signature ». Fatih Akin était l’invité d’honneur du FIFF et son film Soul Kitchen nous entraîne autour du service de midi dans une table très fréquentée.
Comme dans tout festival, place aux séances de nuit. Trois films coréens : Emergency declaration de Han Jae-rim (projeté en 4DX et en Screen-X), Project wolf hunting de Kim Hong-seon et surtout Phantom de Lee Hae-young, un film d’action historique situé en 1933 alors que la Corée du Sud est occupée par le Japon. Ces séances ont également permis de voir John Wick 4 de Chad Stahelski, Sisu, film finlandais de Jalmari Helander, Bowling Saturne, film français de Patricia Mazuy. Le film le plus attendu était Rheingold, de Fatih Akin sur la vie de Giwar Hajabi, alias Xatar, un rappeur qui avant de devenir un des plus importants producteurs de hip-hop d’Allemagne, a cherché à rembourser une dette grâce à un audacieux braquage.
Nouveau territoire, la section exploratrice du FIFF, s’est intéressée pour cette 37e édition à la cinématographie de la Moldavie. Sept films dont trois fictions et quatre documentaires, y racontent l’aventure du cinéma moldave. Signalons le film documentaire The soviet garden de Dragos Turea, qui expose la manière dont la Russie a utilisé la Moldavie pour tenter des expériences agronomiques stimulées par l’atome. Ce documentaire est le fruit de dix ans d’enquêtes.
A travers la section Décryptage, le FIFF poursuit son travail d’exploration des questions sociétales, politiques et culturelles qui dérangent.
«Le FIFF doit parler de ces choses tout en apportant des documents de l’ordre du grand cinéma », a déclaré Thierry Jobin, directeur artistique du Festival. Cette année le choix a porté sur « la suprématie blanche sur le monde et celles des hommes sur les femmes ». Raoul Peck, très connu notamment grâce à I am not your negro, raconte 600 ans de colonisation, de génocides et de suprématie blanche dans Exterminez toutes ces brutes.
Le second axe de cette section a exploré l’oppression de l’homme sur la femme dans le cinéma avec notamment Brainwashed : sex-camera-power de la cinéaste et activiste féministe Nina Menkes, documentaire qui démontre à quel point l’image de la femme a été conditionnée par Hollywood et Jane Campion, the cinema woman de Julie Bertuccelli raconte l’aventure de la première femme à recevoir la Palme d’Or à Cannes avec La leçon de piano en 1993. Dès ses débuts en Nouvelle-Zélande, Jane Campion a dû se battre contre ceux qui tentaient de lui imposer une certaine manière de filmer les femmes et les hommes.
La projection de Lynch/Oz est une pépite pour les puristes du cinéma de David Lynch. Tout a commencé lorsque Lynch a déclaré après la projection de Mulholland Drive en 2001 : « Il ne se passe pas un jour sans que je pense au magicien d’Oz ». Ce documentaire signé Alexandre O. Philippe met ainsi en perspective le travail du réalisateur de Twin Peaks avec Le Magicien d’Oz de Victor Fleming sorti en 1939. Dans Lynch/Oz, sortie en France prévue fin du mois de mai, Alexandre O. Philippe a invité six critiques de cinéma et cinéastes américains et leur a donné carte blanche pour explorer leur propre théorie sur la relation entre Lynch et Oz. Les participants incluent Karyn Kusama, John Waters, Amy Nicholson. Six nouvelles perspectives et six nouvelles façons de considérer comment l'influence et l'inspiration affectent le processus créatif.
La logique décalée du rêve, les références évidentes ou cachées, les symboles, les mondes parallèles… autant de correspondances qu’il faut observer entre Le magicien d’Oz et l’ensemble de la filmographie de David Lynch. C’est passionnant, pointu et instructif. Ce documentaire fouillé et détaillé est destiné aux admirateurs de Lynch, dont les films ne finiront pas de nous interroger.
« Lynch / Oz est une herbe à chat cinématographique », déclare The Film Stage. Nous entendons ensuite la voix du célèbre réalisateur de documentaires Rodney Ascher, qui se demande : « Pourquoi Lynch serait-il aussi absorbé par le magicien d’Oz ? A-t-il regardé Le Magicien d’Oz un jour parfait, un moment parfait quand il était enfant, et c’est en quelque sorte ancré dans son subconscient? » « Un hommage approprié à Lynch », dit la dernière citation tirée de The Wrap avant que le titre du film ne remplisse l’écran avec un bruit étrange entrelacé avec un synthé murmurant, de plus en plus fort avant de s’estomper brusquement.
Les films de la compétition internationale
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Les prix
Trois : c’est le nombre de prix que remporte Plan 75 de Chie Hayakawa. Situé dans un Japon futuriste confronté à une surpopulation de personnes âgées, ce film dystopique imagine un plan gouvernemental encourageant les plus de 75 ans à choisir l’euthanasie. Cette œuvre décortiquant « les conséquences radicales d’une société froide et cynique », selon les mots du jury, a été couronnée du prestigieux Grand Prix, du Critic's Choice Award et du Jury des jeunes Comundo.
Le film iranien World War III de Houman Seyedi, a également été doublement récompensé avec le Prix spécial du Jury international et une mention spéciale de la part du Jury des jeunes Comundo.
Le très convoité Prix du public, ainsi que le Prix du Jury œcuménique, reviennent quant à eux au film malais Abang Adik de Jin Ong, poignant portrait de la relation entre deux jeunes clandestins et « plaidoyer pour la justice, la solidarité et la dignité humaines. » Proposé en première mondiale et donc toujours inédit en Malaisie, il a été diffusé pour la toute première fois à l’occasion du Festival International du Film de Fribourg. Espérons que cette reconnaissance publique va ouvrir au film les portes du marché international, qui le mèneront sans doute vers des vendeurs de droits ainsi que dans d’autres festivals internationaux.
Enfin, le Jury international a offert une mention à Tenuun-Erdene Garamkhand, jeune comédien de 12 ans, pour son interprétation dans Harvest Moon (Mongolie) de Amarsaikhan Baljinnyam
Florence de Tienda et Philippe Cabrol,
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