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Festival de Locarno 2018

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Entretien avec Antoine Russbach 

à proppos de son film Ceux qui travaillent

Antoine Russbach © Festival Locarno 2018, Samuel Golay

Vu de Pro-Fil : Ce film est conçu comme la première partie d’un triptyque, c’est bien ça ?

Antoine Russbach : Oui, j’ai écrit au départ un scénario choral, comportant trois faisceaux qui ne se recoupent pas, sur les trois ordres du Moyen Age, ceux qui travaillent, ceux qui combattent et ceux qui prient. Mais c’était trop difficile à mettre en œuvre, de trouver le financement, surtout pour un premier film. Si bien que j’ai décidé de séparer les trois faisceaux et d’en faire trois films différents. Mais cela m’a toujours intrigué, cette différenciation en classes séparées. Cela ne devait pas être évident au Moyen Age, et même assez horrible, mais au moins chacun avait sa place, alors qu’aujourd’hui on ne sait plus à quelle place se situer dans la société. Notre place n’est jamais garantie. Pour personne.

Donc le projet c’était d’interroger ce que sont ces trois grands pans aujourd’hui, le travail, la sécurité et la spiritualité, la science.

J’ai donc sorti de cet ensemble le premier pan, ceux qui travaillent, pour faire un film autonome et pour aller au bout de ce sujet, et l’idée c’est de traiter ensuite ceux qui combattent et ceux qui prient.

VdP : Le scénario du film choral a été finalisé ?

AR : Oui, tout à fait, j’ai fait mes dents dessus, j’étais plus jeune, j’ai appris énormément de choses en le faisant. Oui, ça a été finalisé, mais ça a dû être transformé et je suis très content de la manière dont ça s’est fait ; ça donne aussi des projets pour la suite.

VdP : Comment vous est venu l’idée d’engager Olivier Gourmet pour le rôle ?

AR : Je cherchais un homme de cet âge-là car je me suis rendu compte que c’est l’âge où dans ces grandes compagnies on est le plus fragile. A 52 ans on est juste trop loin de la retraite pour espérer une transition directe, mais en même temps on est trop âgé pour se refaire complètement. Et donc j’ai tout de suite pensé à Olivier, j’ai toujours admiré son travail et c’est quelqu’un qui n’a pas peur d’exprimer aussi le côté obscur de la nature humaine. Il a un rapport avec ça qui est tout à fait intéressant. Non seulement cela ne lui fait pas peur, mais il comprend que ce qui fait la beauté et la grandeur de l’humanité c’est aussi sa part d’ombre. Il n’est pas nihiliste pour autant, ni ‘angéliste’, et je crois qu’on s’est vraiment retrouvés là-dessus. Et puis on a discuté et je me suis dit qu’il est idéal pour ce rôle.

VdP : Il a accepté tout de suite ?

AR : Oui, il a accepté tout de suite, il a beaucoup aimé le scénario et il avait ce courage d’accepter d’affronter ce clair-obscur qui ferait peur à d’autres.

VdP : Et donc le prochain film va être en route illico-presto ?

AR : Le plus illico-presto possible, mais d’abord il faut l’écrire, c’est quand même encore du travail pour le passer du format choral au format film. Le dernier m’a pris deux à trois ans, j’espère que pour le prochain ça ira un peu plus vite, mais c’est quand même du travail.

VdP : Donc ça sera ceux qui combattent ?

AR : Tout à fait.

VdP : Et ensuite, pour les spirituels, vous avez déjà des idées ?

AR : Pour parler de la spiritualité, ça sera à travers des chercheurs en physique, la physique quantique et la mort – je dis ça maintenant, on verra ce qui se passera le moment venu. Mais l’idée c’est d’appréhender la spiritualité et la mystique au travers de la science. Je prends toujours ces trois classes sociales un peu à contre-pied. Pour le premier je me suis demandé, qui est-ce qui nous amène à manger ? Et c’est comme ça que je me suis intéressé aux chaines de transport, de logistique, de la grande distribution.

Ce ne sont pas forcément des réponses qui sont attendues sur ce thème-là. Mais cela permet de se poser des questions sur comment on consomme, comment on vit. Ce sentiment me travaille beaucoup et je n’ai pas la réponse.

Je pense qu’on a des problèmes aujourd’hui qu’on n'avait pas avant.

VdP : Chaque époque a ses propres problèmes. Il est vrai qu’aujourd’hui le problème de la place dans la société est très important.

AR : Oh oui, c’est très anxiogène. La méritocratie c’est aussi un sujet qui m’intéresse beaucoup, c’est lié à la liberté qui est à la fois magnifique et terrifiante. Cela me fait très peur. On dit « quand on veut, on peut ». Et donc, celui qui échoue, est culpabilisé en plus. C’est de sa faute s’il échoue. Il y a dans cette idéologie actuelle une violence terrible. On a probablement échangé une forme de violence pour une autre. Cela m’intéresse beaucoup, le prix des choses, le prix de la liberté, de l’efficacité, de la sécurité, de l’athéisme, où est-ce qu’on doit encore se bagarrer.

VdP : Merci beaucoup.

Waltraud Verlaguet

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