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Festival de Berlin 2016

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Les deux films les plus récents où Michael figure comme directeur photo :

Reproduction des images avec l'aimable autorisation du réalisateur.

Un cinéaste berlinois engagé, Michael Kötschi

Membre du Jury du Prix du Film pour la Paix à la Berlinale en 2014, 2015 et 2016, Michael parle de son parcours.

Pro-Fil: Comment es-tu arrivé au cinéma ?

Michael Kötschi : Je désirais être architecte, comme ma mère, mais je n'avais pas envie de poursuivre des études tout de suite après le lycée ; j'ai donc décidé d'apprendre le métier de charpentier. En même temps, je me suis fait un peu d'argent en devenant photographe d'architecture. J'entrai alors dans des bureaux d'architectes et j'ai pu voir ainsi leur façon de travailler. Les gars comme moi étaient assis dans des salles sombres et dessinaient, ils ne créaient pas de maisons, ils n'allaient jamais sur le terrain : il y avait trop d'architectes. J'ai donc fini la charpenterie et, en même temps, fait un projet de film en super 8 : une caméra super 8 filmant sa propre chute du haut d'un toit et s'écrasant sur le sol, et, en même temps, filmée en super 8. Je voulais aussi filmer et brûler les derniers morceaux du film qui deviennent blancs à la fin. Pour trouver la seconde caméra super 8, j'ai parlé de mon projet à un type qui a trouvé l'idée bonne et m'a pris en stage dans sa boîte, une compagnie de télévision. Il venait de virer un de ses employés, j'ai donc été embauché. C'était un début un peu étrange, mais j'ai été payé. J'y ai travaillé trois ans. A la fin j'étais cameraman de télévision. C'était très ennuyeux. J'ai compris alors que je n'arriverai jamais à faire quelque chose d'intéressant si je suivais cette filière. J'ai donc démissionné pour essayer d'entrer dans un école d'art ou de cinéma. Il m'a fallu deux ans pour y arriver : on ne me voulait pas, au départ, parce que je venais du monde de la télévision et que je pouvais en avoir gardé de mauvaises habitudes. La seconde fois, on m'a donné une chance dans un concours : vingt-quatre participants dont on retenait seulement cinq. J'étais détendu et sûr de mon expérience et alors que les autres candidats étaient très stressés. Le jury a été impressionné par mon travail, mon énergie et mon calme. J'ai donc été sélectionné à l'Ecole Allemande de Cinéma et de Télévision, tournée essentiellement vers l'art. J'y ai passé six ans. C'est là que j'ai eu la chance de rencontrer les collaborateurs avec lesquels je travaille actuellement ; même si nous avons eu au début beaucoup d'accrochages, ceux-ci ont cédé le pas à une estime réciproque.

Pro-Fil : Quel est ton rôle dans la fabrication des films ?

Michael Kötschi : En Allemagne, les usages sont différents des usages français. Actuellement mes attributions sont nombreuses. Je tiens peut-être quatre ou cinq rôles. L'élaboration d'un film commence toujours par des séances de lecture du scénario avec le réalisateur, quelque fois pendant deux semaines. Nous nous demandons ce que nous pensons de la scène, puis si cette scène dit bien ce qu'elle devrait dire, si elle a besoin d'un dialogue ou seulement d'images, si elle représente une 'fenêtre' sur le sujet, et si elle apporte quelque chose à notre film. Cela peut durer longtemps suivant la longueur du scénario. Il faut aussi faire l'évaluation du budget, sans le sous-estimer sinon nous serions amenés à diminuer le nombre de jours de tournage, ce qui n'est pas possible. Je sers aussi de contact systématique entre le réalisateur et la production à cause de mes capacités à la fois techniques et artistiques qui me permettent de comprendre les deux mondes. C'est le côté le plus important de mes attributions. De plus, je tourne, je fais aussi le montage, le travail sur la photo, la lumière. J'aime bien que chaque film ait des tons différents. J'essaie d'avoir toute une palette, par exemple dans California City, de donner un sentiment de chaleur de l'air, du sable, chaleur qui s'ouvre sur le ciel, au contraire des gens qui mettent des filtres noirs sur les ciels de nuit.

Pro-Fil : Tu as eu un film nominé cette année pour le Deutschen Filmpreis 2016, le Lola [équivalent des Césars en France].

Michael Kötschi : Ce film est expérimental, documentaire, et fictionnel. Il est d'abord expérimental, puis documentaire, et, à la fin, un peu fictionnel. Son sujet est la crise actuelle. Nous essayons d'en illustrer les différentes facettes : au niveau personnel, les principaux protagonistes ; local, comme celle de l'eau en Californie ; national, la bulle immobilière ; mondial, les classes moyennes qui se trouvent actuellement perdues. Le gouffre entre riches et pauvres est un vieux sujet mais les gens entre les deux sont rejetés vers le bas. A Los Angeles, ils vivent dans le désert parce que les loyers en ville sont trop élevés.

Pro-Fil : Pourquoi, alors que tu le trouves essentiellement documentaire, ton film a-t-il été sélectionné en fiction ?

Michael Kötschi : Nous l'avons fait à deux, le réalisateur et moi, juste deux personnes dans le désert pendant trois mois. Nous avons eu la chance de réaliser ce film à un moment où l'Allemagne n'a plus de vision claire d'une façon neuve de réaliser des films. Si on commence à discuter de ce sujet on a besoin d'exemples. L'intérêt des réalisateurs allemands pour ce film est qu'ils voient quelque chose qu'ils n'ont jamais vu auparavant et qu'ils peuvent utiliser comme base de discussion. Je pense que c'est pourquoi ils ont choisi de le mettre dans la catégorie 'fiction', pour augmenter son domaine. Notre film a peu de chance de gagner dans cette catégorie qui est la plus difficile, mais cela lui donne une ouverture, c'est bien. Nous verrons !

Pro-Fil : Et ton film Houston ? [Sélectionné, entre autres, à Sundance en Compétition Officielle]

Michael Kötschi : J'ai beaucoup travaillé sur ce film et, de ce fait, je l'aime beaucoup. Je trouve que c'est un film extraordinaire. Normalement cela ne se dit pas, mais… je l'aime beaucoup.

Nicole Vercueil

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