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Grand Prix et Prix FIPRESCI à Cannes 2017

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120 battements par minutes ou

À partir de quel moment, une vie ne vaut-elle plus la peine d'être vécue en raison des souffrances infligées par une maladie ?

À cette question ancestrale, le film de Robin Campillo apporte une réponse magistrale: lorsque l'on ne peut plus se battre pour les autres, il est temps de quitter la place et de se cacher pour mourir. Il faut alors pouvoir compter sur l'abnégation de quelqu'un qui nous aime suffisamment pour nous aider à mourir en restant maître à chaque instant de son choix.

Tous les héros de "120 battements par minutes" sont condamnés, tous sauf Nathan, le nouveau venu dans la bande d'Act Up-Paris qui va rapidement succomber au charme venimeux de Sean, l'activiste enragé, plutôt qu'aux avances de Thibault, le leader mesuré et responsable. Dopés par l'énergie du désespoir, parce qu'ils savent tous qu'ils vont mourir, il se battent néanmoins pour protéger, sensibiliser et sauver tous ceux qu'ils peuvent. Ils ne se font aucune illusion, malgré l'urgence de leurs propres situations, ils savent bien que la recherche médicale est normalement lente et que d'éventuels traitements efficaces arriveront trop tard pour eux. Les atermoiements politiques et la mauvaise foi des grands laboratoires n'en sont alors que plus scandaleux à leurs yeux. Ils ne réclament pour eux-mêmes qu'un soulagement de leurs souffrances, souvent plus causées d'ailleurs par les traitements que par la maladie. Par contre, ils réclament de véritables politiques de prévention à destination de tous les groupes sociaux, qu'ils soient estampillés "à risque" ou non.

C'est d'ailleurs là une autre des principales leçon de ce film. Les séropositifs et les malades du Sida ont refusé d'être dans l'ignorance de la maladie, ils ne se sont pas résignés à n'être que des malades objets des soins apportés par un corps médical au mieux bienveillant mais le plus souvent ignorant des réalités supportées par les malades. Pour la première fois, des collectifs de malades se forment, s'informent et agissent pour participer à l'élaboration des traitements qui les concernent. Aujourd'hui tous les corps médicaux s'accordent pour demander que le malade "soit acteur de son traitement" mais ils oublient que c'est à de tels activiste et à leur "violence inacceptable" que nous devons ce véritable changement de perspective dans l'approche médicale.

Sean va mourir, il le sait, l'accepte et comme d'autres, il pourrait passer le peu de temps qui lui reste à danser et baiser comme le faisait Jean (Jean/Sean ?) dans les Nuits fauves de Cyril Collard (1992), un film réalisé alors que le Sida ravageait. Mais non, au mépris de sa souffrance, il consacre son temps à la lutte et entame une relation exclusive avec Nathan, lequel ne faiblira pas au moment ultime de la libération de son amant. Manière aussi pour Nathan de racheter sa lâcheté envers un précédent amoureux.

"120 battements par minutes" est un film de survivants, de ceux pour qui les traitements sont devenus supportables et ont fait reculer cette fameuse limite à partir de laquelle la souffrance fait que la vie ne vaut plus la peine. Et ce n'est pas le moindre de ses mérites de rappeler qu'aujourd'hui encore, on meurt du Sida en France, que des enfants sont encore aujourd'hui contaminés et que la lutte pour soulager les malades et prévenir les nouvelles contaminations doit continuer.

Un film manifeste avec un vrai discours et donc un film nécessaire.

Roland Kauffmann

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