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Avec :
Interprètes de doublages (voix originales) : Zunaira (Zita Hanrot), Simon Abkharian (Atiq), Swann Arlaud (Mohsen), Hiam Abass (Mussarat)
Zabou Breitman, dite Zabou jusqu’en 1998, est une actrice, réalisatrice et metteuse en scène au théâtre et à l’opéra, née en 1959. Au cinéma, après de nombreux courts, elle a réalisé notamment Je l’aimais (2008) et No et moi (2010) ; Eléa Gobbé-Mevellec est une animatrice et réalisatrice, spécialisée dans la création graphique des personnages. Les Hirondelles de Kaboul a reçu de nombreux prix aux festivals de Cannes, Annecy, Angoulême, etc.
Résumé :
A Kaboul, à la fin des années 1990, les destins de deux couples qui tentent de survivre sous l’implacable charia se croisent : Mohsen, professeur et sa femme Zunaira, artiste peintre d’une part et Atiq, gardien de la prison pour femmes dont l’épouse est atteinte d’un cancer incurable, d’autre part.
Analyse :
Avec ce titre poétique synonyme de liberté, ce film politique dénonce la dictature exercée par les talibans sur les Afghans, en particulier les femmes, dans les années 1990. L’angoisse ressentie par l’accumulation des crimes, tabassages, pendaisons, assassinats, etc. est d’autant plus vive que la pellicule, toute en teintes d’aquarelle à dominantes bleues, beiges et ocres, dégage … finesse, douceur et humanité ! Grâce à une technique dite proche de la « rotoscopie », consistant à filmer les comédiens en train de jouer avant d’apporter sur les images un graphisme original, les cinéastes ont réalisé un long-métrage d’animation qui reconstitue avec beaucoup d’indignation et de compassion le sort des habitants de Kaboul, en particulier celui des ombres féminines couvertes de tchadors. Quelques scènes de cauchemar montrent de l’intérieur, à travers le grillage de tissu, l’horreur vécue par les victimes (coups, lapidations, etc.). La ville elle-même, qui s’étend joliment à l’abri des montagnes, semble une victime avec ses bruits de rue agressifs, les freins des jeeps, les coups qui pleuvent, les ordres aboyés, les exhortations des mollahs. La musique est souvent mélancolique ou sombre, illustrant la peur générale. Certains se rappellent un passé heureux où l’on pouvait chanter et rire, aller au cinéma ou dans les librairies. L’absence de perspectives à court terme est probante : ancien moudjahidine, partisan du commandant Massoud, Atiq s’attend à être arrêté à tout instant tandis que Mohsen, esprit pourtant éclairé, se laisse hypnotiser par l’élan haineux d’une foule fanatisée. Dans cet enfer, même les enfants apparaissent comme des démons. L’espoir viendra pourtant de la générosité et de l’amour d’une femme : «une lueur d’humanité subsiste, je suis venue souffler dessus », dit-elle, ouvrant la voie à une scène magique où les ombres en tchador du stade seront enfin libres, transformées en hirondelles.
Un film puissant et glaçant, d’autant que la population afghane attend toujours la paix et la démocratie.
Françoise Wilkowski-Dehove
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