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Avec :
Chieko Baishô (Michi), Hayato Isomura (Hiromi), Stefanie Arianne (Maria), Yumi Kawai (Yoko), Taka Takao (Yukio).
Chie Hayakawa (Tokyo, 1976-) réalisa en 2013 le court métrage Niagara (28 min : une orpheline apprend que ses grand-parents sont encore vivants, grand-père condamné à mort pour l'assassinat des parents, grand-mère en asile psy) puis un segment d'Anticipation Japon (2018, 1h39) : cinq réalisateurs orchestrés par Hirokazu Kore-eda, qui imaginent le Japon de demain (Akiyo Fujimura, Ishikawa, Yusuke Kinoshita, Megumi Tsuno, et Chie Hayakawa avec déjà, en court métrage, Plan 75)
Résumé :
Pour gérer le vieillissement de la population, le programme gouvernemental Plan 75 encourage les citoyens âgés à choisir l'euthanasie. Le dispositif est exploré à travers quelques-uns de ses patients et de ses employés.
Analyse :
La réussite technique de ce film tient à ce que, quoique fait de fiction, il donne fortement le sentiment d'une pénible réalité. Pour cela, il saupoudre son récit tranquille de scènes qu'il a su choisir familières et qui l'enracinent dans le quotidien vécu : vieilles personnes qui doivent encore travailler pour gagner leur vie, difficulté à se loger, humiliation du besoin d'assistance sociale, petit personnel soignant d'origine étrangère... Une coloration proprement japonaise – que l'on se rappelle l'ubasute de la Balade de Narayama (Shohei Imamura, 1983) – est certes indiscutable, mais ce n'est pas cet exotisme qui nous frappe le plus, mais bien la pertinence dans notre société occidentale du fardeau personnel et collectif des vies prolongées dans l'isolement, difficile à gérer.
La solitude des individus âgés et le manque d'empathie à leur égard sont les traits principaux de la situation. Un certain nombre de détails 'pittoresques' viennent s'ajouter à ces fondamentaux, sans grande nécessité : la fillette malade de Maria, la récupération des dépouilles des décédés... Calculées pour attiser notre émotion ou notre indignation, ces additions n'atténuent pas le flou dans lequel subsiste pour les spectateurs la conception même du programme Plan 75, dont on ne perçoit le fonctionnement que par bribes déconnectées – à la différence de Soleil Vert (Soylent Green, Richard Fleischer 1973) dans lequel le dispositif d'exploitation jusqu'au bout des individus déploie une logique aussi révoltante que convaincante.
Le tableau désespérant de ces personnages ayant renoncé à vivre, et de ceux qui sont réduits à ravaler leur humanité pour les emmener vers leur fin, reçoit finalement un peu de lumière grâce à une conclusion amenée par petites touches, et qui réintroduit goût de vivre et respect pour autrui. Heureusement !
Jacques Vercueil
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