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Fiche technique :

Réalisation : Nuri Bilge Ceylan - Scénario : Nuri Bilge Ceylan et Ebru Ceylan - Montage : Nuri Bilge Ceylan et Bora Gök?ingöl - Musique : Schubert - Photographie : Gökhan Tiryaki - Société de distribution France : Memento Films Distribution

Avec :

Haluk Bilginer (Aydin), Melisa Sözen (Nihal son épouse), Demet Akba? (Necla sa sœur), Nejat ??ler (Ismaïl)

Sommeil d'hiver (Winter Sleep/Kis Uykusu)

Turquie, Allemagne, France, 2014, 196min.

Réalisation : Nuri Bilge Ceylan

Biographie :

Nuri Bilge Ceylan, né en 1959 à Istambul, y étudie la mise en scène. Son premier court métrage, *Koza** (1995) est sélectionné au Festival de Cannes. Son premier long métrage, *Kasaba** (1998), obtient le Prix Spécial du Jury aux Premiers Plans d'Angers. *Nuages de mai** (1999) est sélectionné au Festival de Berlin. Au Festival de Cannes encore les films suivants sont couronnés de succès : *Uzak** (2003), *Les Climats** (2006), *les Trois singes** (2008), *Il était une fois en Anatolie** (2011). *Winter Sleep** (2014) y obtient la Palme d'Or.

Résumé :

Aydin, ancien comédien revenu en Anatolie gérer l'hôtel familial au décès de ses parents, est un notable aisé et cultivé. Un différent avec un de ses locataires qui ne paie pas son loyer fait basculer ses certitudes.

Analyse :

Le film est long et ses 3h 16 peuvent faire hésiter plus d'un. Pourtant le spectateur reste parfaitement immobile, les yeux rivés à l'écran pendant toute la séance. Quelle est l'explication de cette étonnante fascination ? Quelques éléments de réflexions tout d'abord sur les nombreux thèmes : l'amour, la culture, la religion, la lutte des classes... tous pouvant être regroupés sous celui des relations humaines. Les personnages sont attachants et exaspérants, ils sont vivants. Aydin est un homme apparemment simple qui ramène de sa promenade des champignons qu'il propose en omelette à l'un de ses hôtes. Il consulte son factotum et écoute ses remarques ; il montre du respect pour les avis d'un maquignon, et met une couverture sur un enfant trempé par une chute dans le ruisseau ; il est affectueux avec sa sœur Necla, amoureux secrètement de son épouse Nihal, poli avec les amis de sa femme, malgré un désaccord. Et pourtant, il se plaint de la puanteur de l'imam qui a fait deux jours de suite le voyage de douze kilomètres à pieds pour le voir ; il tient à lire à Nihal la lettre flatteuse qu'il vient de recevoir et qui demande une aide financière alors qu'il ne lui donne rien pour ses œuvres personnelles ; il se réfugie derrière son factotum pour éviter des explications aux expulsions de locataires ; il affirme à Nihal qu'elle est incapable de gérer quoi que ce soit... et la suite démontre qu'il a raison. Ceylan s'est inspiré de trois nouvelles de Tchekov. Il en a tiré sans doute la perfection des nombreux dialogues dans leurs évolutions, leur justesse, leur intelligence et la finesse du traitement des relations sociales dans la bourgeoisie campagnarde, en particulier l'ironie des possédants vis à vis des plus humbles. L'Anatolie est un personnage à part entière, reflet des sentiments d'Aydin : sa fausse modestie, c'est ce paysage pauvre avec un hôtel de luxe camouflé dans des troglodytes ; son intégrité, c'est le cheval sauvage capturé pour ne pas faire mentir le site internet de l'hôtel ; son désespoir dans le sens de perte d'espérance, c'est la partie de chasse dans des nuances entre noir et blanc où il retire ses bottes pour réchauffer ses pieds gelés. La sonate pour piano n°20 de Schubert intervient fréquemment comme pour clore un épisode. Les quatre variations sur un thème au début du deuxième mouvement et les trois autres en fin du mouvement permettent ainsi d'accompagner les différents états d'âme d'Aydin ou d'autres protagonistes. Ce film est remarquable par le réalisme dans le traitement de chacun des personnages, même secondaires. Leur psychologie est approfondie. La scène entre Ismaïl, le révolté, l'exclu, et Nihal qui vient offrir une somme inespérée qu'il jette au feu en comptant à chaque billet chacune des humiliations reçues (scène analogue à une scène de L'Idiot de Dostoïevski) est d'une violence insupportable. Ceylan avait pris l'habitude de filmer en noir et blanc, il savait rendre parfaitement tous les niveaux de gris. Le passage au numérique lui a ouvert de nouveaux horizons puisqu'au montage, il peut obtenir exactement les nuances de couleur désirées comme par exemple dans les images d'aube naissante pour la libération du cheval. Soucieux de sa propre liberté, le réalisateur participe à toutes les étapes de la fabrication du film, scénario, réalisation, montage, production et travaille essentiellement avec sa femme Ebru, des parents et amis et aussi des comédiens non-professionnels. Cette liberté, Ceylan sait l'utiliser pour nous faire découvrir ses personnages si proches de nous que nous les reconnaissons, les comprenons et les aimons malgré leurs imperfections et peut-être à cause de leurs imperfections.

Nicole Vercueil

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